Les secteurs

Commerce et réparation des pneumatiques

Commerce et réparation de pneumatiques

Source : GIPA 2017 / traitement ANFA

Tous les acteurs de l’après-vente proposent des prestations liées à la vente, la pose et/ou la réparation de pneus :

  • Les centres auto et les réparateurs rapides
  • Les réseaux constructeurs (concessionnaires et agents)
  • Les MRA, avec ou sans enseigne
  • Les distributeurs Internet
  • Les négociants spécialistes en pneumatiques

Ce portrait sectoriel se focalise en particulier sur ces derniers, à savoir les acteurs spécialisés du secteur.

Organisation du secteur, ses acteurs

Les négociants spécialistes en pneumatiques se distinguent par le fait que leur chiffre d’affaire est composé à plus de 50% par les activités liées aux pneumatiques. Ils sont organisés en réseau (succursales, franchises ou groupement d’indépendants) généralement sous une enseigne rattachée à un manufacturier (Ex : Euromaster pour Michelin, Best Drive pour Continental, Vulco pour Dunlop Goodyear, etc).

Le nombre d’établissements des entreprises spécialistes du pneu est en légère progression depuis 2012 (+ 8 %).

Source : GIPA 2017, Pneumaticiens sous enseigne

Les manufacturiers (i.e. fabricants de pneus) sont fortement présents sur le marché de la distribution au travers de ces enseignes car le marché du pneumatique diffère de celui des autres équipements automobiles en raison du poids du marché de la rechange : plus couramment appelé marché du remplacement, celui-ci concerne 75 % des volumes (quel que soit le type de véhicule auquel ils se destinent - source : SNCP), alors que pour les autres équipements, l’activité est réalisée à plus de 90 % en première monte.

Données générales sur le marché et l’économie du secteur

Ce marché couvre les pneus pour véhicules de tourisme, utilitaires et véhicules industriels (dont bus et cars), ainsi que pour les véhicules spécifiques (agricoles, génie civil). Il renvoie à des activités différentes et ne mobilise pas les mêmes acteurs, selon si les pneus se destinent aux véhicules légers ou aux véhicules industriels.

Le marché du pneu destiné aux VÉHICULES LÉGERS est fortement concurrentiel : le pneumatique constitue le premier motif d’entrée atelier sur le marché de l’après-vente VL.

Les négociants spécialistes détiennent 21 % de parts de marché, derrière les centres auto. Ils sont leaders sur les ventes en BtoB (Grands comptes nationaux, loueurs longue et courte durée, réparateurs indépendants), sur certains types d’enveloppe (pneus « hiver ») ou sur certains segments, tels les pneus camionnettes dont ils écoulent 65 % des volumes (source : SPP/Gfk 2016). Ils doivent cependant affronter la concurrence croissante des centres auto et des réparateurs rapides dont la stratégie est fondée sur le volume et une offre d’entrée de gamme positionnée sur des prix d’appel attractifs.

Les concessionnaires automobiles, les agents et les réparateurs indépendants sont le troisième circuit de vente/remplacement de pneumatiques.

Les réseaux constructeurs, notamment, tendent à se démarquer en se positionnant sur une offre de pneu premium, sur une logique de fidélisation liée à des prestations additionnelles pour le parc sous garantie. Les concessionnaires se fournissent en pneu auprès de leur centrale constructeur et les agents auprès du concessionnaire avec lequel ils travaillent.

Source : GIPA 2017

Enfin, la distribution en ligne est en forte progression : la part d’automobilistes ayant déjà acheté des pneus via ce canal a doublé en six ans pour atteindre 16 % en 2017 (source : GIPA 2017). Les principaux acteurs Internet (Pure players) ont considérablement développé leurs ventes et détiennent aujourd’hui 12 % de part de marché (contre 5 % en 2010). Ils ont, notamment, adapté leur offre en proposant des prestations de montage via des stations mobiles franchisées, indépendantes et/ou rattachées à des enseignes partenaires.

En réaction, les pneumaticiens développent des offres de vente en ligne et renforcent leur stratégie de groupement dans le but d’accroître leur pouvoir de négociation (achats) et d’optimiser le maillage de leurs réseaux.

Le marché du pneu destiné aux VÉHICULES INDUSTRIELS est très spécialisé en raison de la spécificité des véhicules et des activités.

Ce marché s’adresse à une clientèle de professionnels soucieux de maîtriser le coût d’exploitation de leurs flottes. Le pneu y joue un rôle stratégique puisqu’environ un tiers des immobilisations de poids lourds sont liées à un incident pneumatique et qu’une simple résistance au roulement impacte la consommation de carburant qui peut représenter jusqu’à 40 % des dépenses de gestion de flottes (source : SPP). Ainsi, des services spécifiques sont proposés (rechapage, permutation, suivi de parc, …), notamment par les négociants spécialistes qui détiennent 70% de parts de marché.

Source : GIPA 2017, pour les réparateurs VI ayant une activité pneumatique

La spécificité des activités d’entretien et de réparation des pneus poids lourds explique la situation de quasi-monopole détenue par les spécialistes du pneu sur ce marché : elles requièrent une organisation et des infrastructures particulières, ainsi qu’une expertise et la maîtrise de compétences techniques élevées. Les autres acteurs de l’après-vente Poids Lourds proposent également des prestations liées aux pneus mais elles représentent moins de 10% de leurs entrées atelier.

L'emploi et ses caractéristiques

Le commerce et la réparation de pneumatiques ne possède pas de code NAF. Les salariés des établissements des négociants spécialistes sont confondus avec ceux de la NAF 4532Z dédiée au commerce de détail d’équipements automobiles. En conséquence, peu de données sont disponibles sur la structuration de l’emploi par tranche d’âge ou par catégories socio-professionnelles.

L’emploi est stable chez les négociants spécialistes qui comptent 12 597 salariés en 2017. 86 % sont en CDI

Source : GIPA, traitement ANFA

Les établissements sous enseignes spécialistes du pneu sont de petite taille (6 employés en moyenne) : la moitié sont des structures qui comptent entre 5 et 8 employés. L’emploi technique y est prépondérant puisque deux tiers des salariés travaillent à l’atelier (source : GIPA 2017).

Le recrutement est un enjeu fort, notamment sur le segment Poids Lourds. 65% des pneumaticiens interrogés par le GIPA déclarent avoir des difficultés à trouver/garder du personnel pour les activités dédiées aux pneus des véhicules industriels et engins spécifiques (Source : GIPA PL 2016).

Les facteurs d’évolution

Le marché du remplacement de pneus pour VÉHICULES LÉGERS dépend de plusieurs facteurs :

  • Les conditions météorologiques,
  • Les types de conduite et de trajet qui conditionnent la fréquence de remplacement,
  • Le vieillissement du parc automobile (de 8 à 8,8 ans de moyenne d’âge entre 2006 et 2016 – source : CCFA) et son augmentation (+6 % entre 2006 et 2016 – source : Ministère de l’environnement) sont, de manière générale, des facteurs favorables au développement des opérations d’entretien.
  • La baisse de la vitesse et du kilométrage annuel moyen (passé de 13 413 à 12 947 km/an entre 2008 et 2016 – source : GIPA Conducteurs 2017) sont en revanche des facteurs limitants.

Par ailleurs, sur le segment VL, les négociants spécialistes tendent à diversifier leurs activités en réaction à la concurrence des centres auto et de la distribution Internet. Aux côtés des prestations traditionnellement liées aux pneus, ils sont nombreux à proposer des prestations de maintenance de premier niveau, certaines prestations de mécanique lourde ou des prestations s’inscrivant dans le champs de la sécurité (pose d’EAD, pré-contrôle technique, etc). Si la part des activités autres que celles liées aux pneus est en progression dans le chiffre d’affaires des négociants spécialistes (37 % en 2014 contre 40 % en 2017 - source : GIPA 2017), leur développement reste néanmoins contraint par l’évolution technologique des véhicules et dépend des compétences disponibles dans leurs ateliers. En réaction, les pneumaticiens s’équipent en outils de diagnostic (ils sont 77% à détenir un outil multimarque - source : GIPA 2017) et forment certains de leurs techniciens à un usage de premier niveau.

Enfin, certains négociants spécialistes « digitalisent » leurs services afin de notamment renforcer leur attractivité auprès des flottes et en réaction au développement du « tout numérique ». Des offres de services dédiées aux professionnels (flottes VL) sont développées (suivi préventif de l’usure et de la pression des pneus, des consommations de carburant), parfois réalisées avec l’aide de technologies connectées (boitier connecté de type « dongle », capteurs de pression des pneus).

Le marché du pneu destiné aux VÉHICULES INDUSTRIELS dépend essentiellement du cours des matières premières, de la conjoncture des activités pratiquées par les clients professionnels (transport de marchandises, de personnes, BTP, etc.) et des types de trajet et de conduite (qui conditionnent l’usure et la fréquence de renouvellement).

Les ventes de pneus PL neufs continuent de progresser au détriment des ventes de pneus rechapés. Ces derniers sont des pneus usés dont la chape de caoutchouc a été reconstitué. Cette technique s’inscrit dans la cadre d’une filière associant les négociants spécialistes (et dans une moindre mesure, les autres acteurs de l’après-vente VI) et les usines de rechapage (pour la plupart liées à des manufacturiers). Elle offre des avantages économiques (diminution du prix de revient kilométrique pour le transporteur, optimisation logistique basée sur la proximité et l’efficacité) tout en répondant à des enjeux écologiques (économies de matières premières et recul de l’apparition du déchet). La compétitivité du pneu rechapé face au pneu neuf a, notamment, été mise à mal par le modèle « low cost » de la concurrence asiatique, à l’origine d’un afflux important de pneumatiques d’entrée de gamme. Certains acheteurs, sensibles à la conjoncture économique difficile des dernières années, l’ont ainsi délaissé au profit du pneu neuf, moins cher, mais à usage unique.

Métiers et formation

Il n’existe pas de diplômes spécifiques aux métiers du pneumatique. En revanche, quatre qualifications de niveau ouvrier concernent les domaines d’activités liées aux pneumatiques au sein du Répertoire National des Qualifications des Services de l’Automobile.   

Les Certificats de Qualification Professionnelle* (CQP) associés à ces qualifications peuvent constituer une réponse aux difficultés de recrutement que rencontrent certaines entreprises du secteur. La préparation d’un CQP peut favoriser l’embauche d’un jeune (en contrat de professionnalisation) ou la requalification d’un salarié en place ou nouvellement embauché afin de répondre au besoin de professionnalisation des salariés dédiés à ces activités. 

Segment tourisme Segment Poids Lourds
  • CQP Opérateur Service rapide (OSR)
  • CQP Opérateur Spécialiste Service rapide (OSSR)
  • CQP Opérateur Maintenance Pneumatiques Véhicules Industriels (OMPVI)
  • CQP Opérateur Spécialiste Maintenance Pneumatiques Véhicules Industriels (OSMPVI)

2 blocs de compétences communs :

 

  • Entretien périodique
  • Remplacement de pièces d’usure et réalisation des contrôles associés

 

 1 bloc de compétences spécifiques à l’OSSR :

 

  • Réception et commercialisation des produits et services de l’atelier de service rapide

Blocs de compétences de l’OMPVI :

 

  • Intervention sur les pneumatiques d'un véhicule industriel
  • Gestion des interventions de l'activité maintenance pneumatique des VI

 

Blocs de compétences de l’OSMPVI :

 

  • Diagnostic et intervention sur les pneumatiques des VI sur sites et en extérieur
  • Gestion et organisation des interventions de l'activité maintenance pneumatiques des VI
Ces deux qualifications ne sont pas spécifiques aux pneumatiques. La qualification OSSR répond aux enjeux de polyvalence propres aux services rapides, en combinant des activités techniques (spécifiques au pneu et à des opérations de maintenance courante) et des activités de relation de service (accueil clientèle, conseil, établissement de devis et d’ordre de réparation, vente additionnelle) parfois pratiquées par les opérateurs employés par les enseignes spécialistes du pneu dédiées au segment tourisme. La qualification OSMPVI se distingue en incluant des compétences liées à la réparation et au remplacement des pneus des matériels agricoles et de génie civil, au diagnostic d’usure (pour l’activité de rechapage), à la préparation des interventions extérieures liées au suivi de parc et/ou au dépannage.

Évolution des activités et des compétences

Segment VL : des compétences diversifiées

Les compétences détenues par les monteurs VL concernent la prise en charge des pneumatiques et de divers organes de sécurité (freins, amortisseurs, géométrie des trains avant et arrière, éclairage), la maintenance courante des véhicules (vidange) et parfois, selon les enseignes, certaines opérations de mécanique lourde (pour les techniciens les plus expérimentés). Ils sont généralement  amenés à gérer des activités logistiques (réception et stockage de marchandise) et, dans certains cas, ils prennent en charge l’accueil client (tour de véhicule, ordre de réparation, remise du véhicule). Les activités liées à la gestion de flotte requièrent la mise en place d’une offre dédiée (camions-ateliers, services jokey, partenariats commerciaux) qui conduit à plus de mobilité afin de procéder à un suivi des parcs et à des interventions sur le lieu du client. Les techniciens concernés sont généralement expérimentés car ils doivent pouvoir réaliser des opérations de maintenance complémentaires (sur site) et être à l’aise avec une clientèle professionnelle.

Segment VI : des compétences spécifiques

Dans leur grande majorité, les techniciens monteurs VI ne font pas de prestations de maintenance autres que celles liées aux pneumatiques (à l’exception du contrôle et de l’entretien des appareils réglementés comme le chronotachygraphe par exemple).

Certaines activités d’entretien et de réparation sont exclusives au VI car non réalisables techniquement sur des pneus VL (rechapage, recreusage) ou plus répandues que dans le VL en raison de leur plus-value économique (permutation, retour sur jante, vulcanisations). La spécificité des compétences des opérateurs spécialisés dans le pneumatique VI repose sur l’activité de diagnostic préalable à la mise en œuvre de ces différentes techniques d’entretien : ils doivent maîtriser ces activités pour être en mesure d’identifier les causes et les types d’usure et choisir la méthode de réparation ou d’entretien adaptée.

Si le recreusage est pratiqué en atelier, l’activité de rechapage doit être sous-traitée en usine. Elle nécessite néanmoins des contrôles préalables de la part des techniciens-monteurs pour identifier la faisabilité de la méthode : l’inspection des carcasses s’effectue de façon visuelle et tactile. Elles sont ensuite triées et renvoyées vers les usines des rechapeurs.

L’activité de rechapage est bien souvent intégrée à des prestations de gestion de parc qui constituent une part importante de l’activité des pneumaticiens spécialisés sur le véhicule industriel. De ce fait, les opérateurs réalisent, en plus des interventions, des prestations de conseil à partir du suivi des parcs qu’ils réalisent. Certains sont détachés directement chez le client (à l’année, pour les grosses flottes) mais la plupart sont mobiles et interviennent, à l’aide de véhicules-ateliers, directement sur sites clients et/ou pour des situations de dépannage.

Le suivi de parc fait appel à des compétences :

  • techniques, dont celles liées à des prestations annexes liées aux réglages mécaniques de type géométrie, liaison au sol ;
  • en relation client : bonne connaissance de l’activité client, relation avec les gestionnaires de flotte, les patrons et/ou les chauffeurs, préconisations et ventes additionnelles ;
  • organisationnelles et de gestion : relevé d’état du parc, anticipation des délais d’intervention et des équipements nécessaires, gestion des carcasses, mise en sécurité, maîtrise du système informatique de l’entreprise pour consulter les stocks, gestion des commandes et réalisation de devis